David Ratte (dessinateur)
Le voyage des Pères (Série 1 ; 6 volumes)
Genève ; Paris, Éd. Paquet, 2007-2017
Tarifs
Par volume : 14 à 16 euros
L’intégrale : 29 euros

Le voyage des pères

Ils n’en reviennent pas les pères ! Ils ne savent pas ce que « Jésus a bien pu raconter à leurs fils, toujours est-il que quand il est parti, ils l’ont suivi comme un seul homme »
Une journée de pêche un peu spéciale, un inconnu qui débarque ou plutôt embarque et la vie bascule.
Les enfants partis, qui va désormais subvenir à leurs besoins ?
Le père de Simon, ne l’entend pas de cette oreille, sa femme non plus d’ailleurs.
Ainsi commence l’aventure de Jonas, Alphée, Simon et les autres à la recherche des gamins et de ce Jésus qui les a subjugués au point de tout abandonner.
David Ratte présente cette quête à la façon d’un road-movie biblique qui, on le soupçonne bien vite, va réserver bien des surprises et des retournements.
Avec des personnages bien campés, des répliques culte, des clins d’œil et autres anachronismes, l’auteur s’amuse franchement avec ces pères un peu déboussolés. Et nous avec.
Humour, mais aussi émotion. On partage le désarroi, les interrogations de ces seconds rôles et l’on chemine avec eux à travers la Palestine mais pas seulement. Car cette lecture légère et décalée pourrait être plus profonde qu’il n’y paraît. Voyage géographique ou intérieur ? Rafraichissant en tout cas.

Volume 1 : Jonas
Petit en taille, mais bouillant (tiens !) colérique, cynique, mauvais camarade et parfois dévergondé, mais aussi courageux et malin, c’est lui qui prend l’initiative.
Dans ce volume on croise des personnages un peu louches, des prostituées, un chef de synagogue et sa fille réveillée, une femme hémorroïsse guérie de son mal et bien sûr des romains. Certains d’entre eux auraient préféré faire leur service en Gaule plutôt que dans ce pays qui gronde et s’agite de toute part.
Jésus et les douze demeurent introuvables, les pères arrivent trop tard et Jonas ne décolère pas.

Volume 2 : Alphée
Lui, c’est l’anti-Jonas à tout point de vue avec sa silhouette longiligne, sa mine hâve, son tempérament tourmenté. Ce n’est pas facile d’être le père d’un collecteur d’impôts par les temps qui courent.
Il s’éclipsera pour suivre son propre chemin et son destin se jouera à Jérusalem d’une manière inattendue. En attendant, le pèlerinage continue et on assiste à quelques scènes désopilantes en particulier celle de l’aveugle en thérapie post- guérison. Là où l’expression θαρσει prend tout son sens …
Le personnage de Simon quant à lui prend forme. Laissant Jonas à son délire alcoolisé, il fera nettement avancer l’enquête.

Volume 3 : Simon
Pour lui aussi, la paternité est difficile à assumer. En effet son fils c’est Judas dont il découvre avec horreur le rôle dans les événements de Jérusalem. Il lui passera un « sacré » savon. Mais il n’en reste pas moins père…et c’est bien là le drame.
A l’annonce de la résurrection, Jonas croit enfin toucher au but. Mais là encore Jésus s’échappe : c’est l’ascension. Les fils ne rentreront pas, laissant nos amis « grandis ». Avec cette interrogation : est-ce que les disciples de Jésus ont un avenir dans ce monde ?

Les volumes 4, 5 et 6 du Voyage des Pères nous donnent un autre regard sur les événements qui se sont déroulés vers l’an 33 à Jérusalem.

Des brigands et leur chef Barabbas enlèvent Octavius Polis Boris Minimus, un dignitaire romain. Quelques jours plus tard, il est retrouvé mort. Barabbas est arrêté. Mais à sa grande surprise, à l’approche de Pâque, Ponce Pilate le gracie face à la foule furieuse contre un certain Jésus de Nazareth.
Le mystère reste entier : qui a occis Minimus ?
Il nous faudra suivre le récit de la vie de ces femmes et de ces hommes pour connaître la vérité.

C’est toujours avec un grand plaisir que nous parcourons ces BD. Entre humour et sérieux, nous voyageons nous aussi avec Barabbas, Moshé, Salomé, Amos et les autres… Comme un puzzle, leurs existences s’entremêlent. Elles nous parlent de leurs chagrins, de leurs joies et parfois de leur conversion. Un peu à l’image de notre vie finalement…

Recension : Claudie Janin (vol. 1 à 3) et Christine Garrique (vol. 4 à 6)