L’évangile selon Jean lu par un philosophe

François Jullien
Ressources du christianisme
Paris, L’Herne (coll. Cave canem), 2018, 121 p.
Tarif : 8 euros

Voici un petit livre à la fois clair, incisif et concis, ce qui en facilite bien sûr la lecture. L’auteur, peut-être à la suite de Ricoeur, s’attaque aux tabous qui entourent le christianisme : le philosophe vient ici au secours, non de la religion, mais de la Bible elle-même, mais ce qui le détermine, c’est de s’opposer au repli sur une identité chrétienne de l’Occident. Pour ce faire il enterre les problématiques classiques concernant Dieu, les croyances identitaires ou le rationalisme scientifique. Son objectif, comme l’annonce le titre, est de mettre en évidence, en s’attachant de près aux textes, les ressources qui peuvent interroger notre quête existentielle moderne.

L’auteur, philosophe, helléniste et sinologue, choisit l’Évangile de Jean et y évite le piège du dualisme souvent reproché à l’évangéliste. Jésus y est événement, en tant que sujet parlant de lui : ce n’est pas une théorie philosophique mais un « Je » vivant dans l’histoire. Cela permet de ne pas transformer le christianisme en une morale intemporelle. Il y a ainsi un jeu où « zôè », la vie la plus charnelle dans la pensée grecque, devient la plénitude de vie dans l’évangile, la vie qui source et ressource…
Tout au long du livre l’auteur insiste sur le hiatus, la distance que Jésus introduit dans les rencontres (il parle ici de dé-coïncidence). Au passage l’auteur égratigne la notion de foi développée par l’Église (croire à quelque chose ou croire en quelqu’un) et insiste sur la notion de témoignage qui fait exister le témoin.
Nombre de ces développements ont déjà été faits par les exégètes et théologiens, leur présentation ici n’en reste pas moins stimulante.

Public : public motivé.
Parcours concernés : Exégèse (en particulier Des Paroles pour vivre, 4e année), Langues (grec)

Recension : Yves Ellul

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