Catherine Salles
Néron
Paris, Perrin, 2019.
L’auteur est professeur agrégé de Lettres classiques, spécialiste de l’Antiquité romaine. Et son livre se lit comme un roman… Il faut dire que le personnage de Néron avait largement défrayé la chronique ! Les Chrétiens en ont gardé la mémoire pour ses persécutions impitoyables. Or il semblerait qu’ils aient simplement servi de « bouc émissaire » à la suite de l’incendie de Rome. Et même si l’auteur, en bon historien, fait la part entre réalité et légendes, il y a de quoi avoir quelques frissons et rester parfois stupéfait devant le portrait d’un tel mythomane au pouvoir…
Son histoire couvre la période de 37 (ap. J.-C.) à 68.
– Il n’était pas «normalement» destiné à exercer le pouvoir… C’est sa mère, Agrippine, ambitieuse et sans scrupules, qui le porte au pouvoir, à travers intrigues, mariages et meurtres.
– Il reçoit une solide culture esthétique (la culture grecque et égyptienne) grâce à ses deux précepteurs, Sénèque (philosophe stoïcien) et Burrus.
– Au début de son règne (années 54-57), grâce à eux, il gouverne avec sagesse, à l’abri de sa mère, qu’il finit par assassiner pour échapper à son emprise.
– Dans une société romaine plutôt austère qui doit sa réussite à l’armée et à l’administration politique, il va prétendre gouverner par l’esthétique, l’art sous de multiples formes, poésie, théâtre, musique, jeux du cirque, sports équestres. Lui-même développe un narcissisme sans borne que le pouvoir lui permet d’asseoir sur une cruauté paranoïaque. Au bout de 14 ans de règne, il laissera un empire romain en faillite et dans la guerre civile…
Étonnant de voir comment un seul homme au pouvoir peut faire déraper l’histoire, mais aussi comment ce qui a fait la réussite d’une société, d’une culture, ne résiste pas au changement de valeurs…
Public : tout public
Recension : Yves Ellul
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