Voici deux idées de lectures non bibliques en cette fin d’été que nous vous souhaitons bienfaisante.
Jacques Mourad
Un moine en otage
Paray-le-Monial, Éditions de l’Emmanuel, 2018, 224 p.
Tarif : 17,90 euros.
Ce livre, de juin 2018, avait été précédé de recensions encourageantes, dans le but principal d’aider financièrement les chrétiens d’Orient, comme si le récit disparaissait derrière la bonne intention à l’égard de cette communauté chrétienne martyre.
Le récit du Père Jacques Mourad, confié à Amaury Guillem pour la rédaction, revient sur son enlèvement par Daech en mai 2015, ses douloureuses conditions de détention et son évasion providentielle. Il est entrecoupé par l’histoire de sa vocation et son aboutissement dans la vie monastique comme la meilleure manière de devenir témoin de Paix au milieu des musulmans.
Il nous explique les liens entre les monastères de Mar Elian et de Mar Moussa, là où fut enlevé le Père Dall’Oglio, re-fondateur de ce monachisme syrien.
La communauté des chrétiens de Qaryatayn nous devient alors très proche, église-sœur dont certains membres ont trouvé refuge au Mans, base de la Fraternité Chrétienne Sarthe Orient, association proche du Père Jacques Mourad et de Mar Moussa.
Les souffrances de la détention n’ont pas altéré l’espérance de ce moine en une paix possible, qui ne s’obtiendra jamais par la violence.
Le monde, géographiquement lointain, d’un christianisme oriental coexistant avec un Islam majoritaire nous livre un quotidien tantôt rude et tantôt fraternel que la plupart des lecteurs ne connaissent pas.
Chaque visage rencontré du côté de Daech est d’abord celui d’un homme, avec son passé d’espoirs utopiques, son présent douloureux ou cruel, son avenir pas encore écrit en forme de rameau d’olivier ; il est toujours un être qui appelle le pardon, la prière, la foi en l’impossible dépassement de soi-même qui ne peut venir que de Dieu.
L’ensemble de ce livre est un voyage, dépaysant par ses modes de vie, sa population, mais familier aussi parce que des frères en Christ ne peuvent que communier par la même foi.
Oui, il est question de foi chrétienne, et c’est à cause d’elle que tout est devenu possible pour ce prêtre syriaque catholique : traverser la peur, la mort éventuelle, parfois si proche, les cruautés et, cependant, garder l’amour inconditionnellement, la capacité de pardonner et de prier, bien pauvrement et humblement. Que ferions-nous si… ?
Un beau voyage intérieur nous est proposé, à domicile !
Pape François
Dieu est jeune : conversations avec Thomas Leoncini
Paris, R. Laffont ; Presses de la Renaissance, 2018, 160 p.
Tarif : 16 euros.
Ce livre, paru en mai 2018, est une conversation avec Thomas Leoncini, journaliste et écrivain, selon le mode d’expression familier auquel le Pape nous a habitués.
Cette parution fut présentée par les médias comme étant plus adressée aux jeunes, en vue du synode d’octobre 2018. Mais elle est autant pour les parents et les grands parents de ces jeunes que François semble bien connaître et sur lesquels il nous enseigne, comme un mode d’emploi veut apprendre à ses utilisateurs les bonnes manières et éviter les gestes dangereux.
Le Pape nous parle avant tout avec amour et espérance de ces jeunes tellement assaillis par un environnement qui leur est bien peu favorable, à une époque où la question de Dieu ne se pose même plus.
Trois parties dans ce livre très agréable à lire, aux raccourcis à retenir crayon en main.
La 1ère, Jeunes Prophètes et Vieux Rêveurs, nous parle de la jeunesse, telle que François la perçoit, ses manières de vivre, ses velléités et ses projets, ses rêves et ses désillusions, dont la société ambiante est souvent responsable, y compris les gouvernants et « ceux qui ont le pouvoir ». Sur ce point, le Pape développe la juste manière de gouverner, à cause du synonyme du pouvoir : le service, l’homme étant le premier à être considéré en toutes situations, ce qui nous rappelle Jean-Paul II.
Il passe en revue les modes, les addictions, les tyrannies multiformes du monde actuel.
La 2ème, En ce monde, aborde des sujets aussi variés que notre écosystème à protéger, les maladies de notre environnement, la menace nucléaire et ses conséquences immédiates autour de nous, les migrants et les étrangers, et toujours le regard et les influences des jeunes sur ces questions de société.
Peur, angoisse, dépression, délinquance, prison, drogue, alcool sont comme des armes de destruction massive pour cette jeunesse, souvent oublieuse ou ignorante de Dieu, alors qu’Il est toujours Miséricorde, donnant corps et durée au plus petit espoir qui se tourne vers Lui, au-delà de la déchéance, de la condamnation et de l’apparente irréversibilité.
La 3ème, Enseigner et Apprendre, est tout entière dans son titre. Il y est question d’avenir, de transmission, de connaissances à acquérir, d’éducation.
Et en finale, bien sûr, ce que le Pape attend du synode sur les jeunes : « Qu’ils en soient EUX-MÊMES les protagonistes », bien qu’il s’agisse du synode des évêques sur les jeunes. Chacun appréciera la nuance…
Tout au long de cette conversation, le Pape François n’a pas hésité de parler de sa propre expérience de jeune chaque fois qu’elle pouvait servir une perspective neuve pour notre jeunesse. Paradoxe ? Non, simple sagesse qui tire du neuf de l’ancien.
Un ton de simplicité, de familiarité, comme si le lecteur était le troisième de la rencontre, témoin de ces bâtons rompus que le Pape affectionne.
Un petit message clôt l’entretien, qui vaut autant pour les moins jeunes que pour les jeunes ; quatre qualités ne doivent jamais manquer à ces protagonistes de l’avenir : l’enthousiasme, la joie, le sens de l’humour et la cohérence. La Prière de la bonne humeur, écrite par Thomas More, nous est donnée comme une bonne recette que le Pape récite tous les jours !
À nous d’en faire autant…
Recension : Sœur Emmanuel-Marie.
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