Au nom du père
Série d’Adam Price
DVD disponibles
Bande-annonce : ici
Cette série danoise est finement menée (la saison 1 avec plus de rythme que la seconde) quant à l’évolution psychologique des personnages. Nous sommes introduits dans la vie d’une famille luthérienne contemporaine, où la personnalité du père pasteur pèse lourdement sur son épouse et ses deux fils, jeunes adultes qui tâchent de construire leur horizon professionnel et affectif.
Il y est, je crois, essentiellement question de fidélité : à Dieu, à sa foi, à ses croyances. Aux siens, mari, épouse, amis, enfants. Mais aussi et peut-être surtout à ce dont on hérite et à ce qu’on choisit – un ensemble de valeurs, d’actes qui en découlent, de contradictions qui y échappent. Il y est donc essentiellement question de fidélité à soi-même.
Cet aspect de la série est remarquable, conduit avec émotion, justesse, justice envers des personnages qui ne sont jamais considérés comme bons ou mauvais, mais dans leur cheminement pour se trouver eux-mêmes. Tout en se croisant, en essayant de s’aimer et de ne pas se blesser, et donc en traversant culpabilité et pardon, sorte de fil conducteur qui guidera chacun, non sans nous évoquer la ligature d’Isaac.
Vu le contexte clairement énoncé d’une série qui parle de Dieu, et en fait plus volontiers du hiatus rencontré avec son Église, on regrette un peu par contre le nombre de thèmes abordés qui ne sont pas creusés, ou résolus d’un coup d’éponge aussi consensuel que contestable.
Quel potentiel pourtant ! Y sont évoqués la guerre, la dépendance, l’avortement, l’euthanasie, l’homosexualité, les migrants, l’islam, la pauvreté, le rapport de la religion à la psychanalyse, à la spiritualité, la vie après la mort et j’en passe… autant de « sujets d’Église » qui sont somme toute assez vite évacués sans pratiquement aucune argumentation, ou selon une rhétorique qui n’est que le portrait d’une époque.
La seule de ces questions prétendant évoquer un débat entre deux pasteurs sur le sujet : le mariage homosexuel, montre surtout une méconnaissance surprenante du sujet.
La main est un peu plus lourde, et l’on s’en délecte, sur la « gestion » ecclésiale qui n’hésite pas à faire fi de l’humain, voire du christianisme. C’est d’ailleurs la conclusion un peu facile à laquelle la série aboutit – il faudrait refonder une Église hors les murs, ouverte à tous les non-conventionnels. Au risque qu’elle soit guidée par une sorte de gourou inspiré par son expérience – certes sincère, mais ?
Une série qui mérite d’être vue, autant pour la qualité de sa réflexion sur la famille, que pour cette sociologie des questionnements chrétiens contemporains.
Recension : Ioan Ellul.
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