My Lady. The Children Act
Écrit et réalisé par Richard Eyre, Royaume-Uni, 2018
Avec Emma Thompson, Stanley Tucci
Durée : 1 h 46
Bande-annonce : ici
Lady M (abréviation de Lady May), surnommée semble-t-il « Justice May », incarne-t-elle la justice ? La justice anglaise, la justice aux prises avec notre société et le progrès ?
En tous cas elle mérite la façon dont chacun s’adresse à elle : « My Lady » dit à la fois le respect et la confiance que l’on lui fait, tellement elle incarne la justice de son pays : connaissances des lois et des dossiers, jugement insensible aux pressions, efficacité redoutable et parole incisive.
Que reste-t-il de la femme en elle ? C’est un peu la question que son mari n’arrête pas de lui poser, lui qui est témoin du naufrage du couple et refuse que leur amour soit un des rouages de la justice.
Il va jouer son va-tout en annonçant sa décision de devenir infidèle par amour pour elle…
Il semblerait que l’amour et la justice ne fassent pas bon ménage ensemble. Lady M s’occupe d’un jeune presque majeur qui a été élevé par des parents témoins de Jéhovah et qui donc refuse la transfusion sanguine qui lui sauverait la vie.
La loi autorise à passer outre le refus de celui qui est encore un enfant au sens juridique ainsi qu’en droit parental (la médecine ne peut être accusée de non-assistance à personne en danger).
Mais qu’en est-il du libre arbitre ? Justice May va sortir du strict cadre juridique en suspendant l’audience pour se rendre au chevet du jeune malade… La rencontre est telle que l’adolescent voit en elle une mère de substitution capable de l’ouvrir à une vie nouvelle. Après le jugement autorisant la transfusion sanguine, il va donc chercher à s’immiscer dans sa vie privée, ce qui est pour elle inconcevable (le juge y perdant son indépendance de jugement).
C’est après avoir atteint sa majorité juridique que le jeune Adam, profondément déçu par la mise à distance qui lui est imposée, va décider, lors d’une rechute, de refuser une nouvelle transfusion. Cette fois-ci la justice ne peut intervenir.
Au-delà du fait que ce jeune n’a pas été accompagné au moment où il entre en société, le film met en évidence de façon magistrale l’absence d’humanité de cette société parfaitement démunie sur le plan spirituel et qui n’offre aucun lieu de débat autre que moral.
On pense à l’humanité du jugement de Salomon.
Mais aussi au débat théologique lui-même : peut-on d’un côté maintenir le tabou sur le sang et de l’autre « manger la chair et boire le sang » de la nouvelle alliance en Jésus-Christ ?
Enfin il faut le dire, le film est magnifique ainsi que le jeu des acteurs.
Recension : Yves Ellul
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